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n 2019, Andi Watson avait publié La tournée, un amusant récit rocambolesque mâtiné d’absurde dans lequel F.H. Fretwell, un écrivain en tournée de promotion, affrontait, après avoir perdu sa valise, un quotidien partant en vrille. Six ans plus tard, l’auteur de Slow Days revient avec un album miroir où Sebastian Mortimer, un vendeur d’encyclopédies, s’accroche à son bagage, alors que toute la ville semble être passée dans la Quatrième Dimension. Les points communs entre les deux ouvrages ne s’arrêtent pas là puisque les lieux, l’époque, le style graphique sont les mêmes et que le roman de Fretwell s’insère en douce au fil du développement de l’histoire. D’ailleurs, Watson ne s’en cache pas et annonce la couleur dès la couverture : L’autre tournée. Les liens sont donc justifiés et forment une bonne part de l’intérêt de cette vraie-fausse nouveauté.
La relecture de La tournée est indispensable avant de se lancer dans cette «Autre». Malheureusement, passé le jeu des similarités et des différences entre les deux titres, cette cavalcade décalée mâtinée de polar et de descente aux Enfers montre rapidement ses limites. Les répétitions des situations, même si elles font intégralement partie du mécanisme narratif, ne sont guère prenantes. De plus, passé un premier quart enlevé et dynamique, le scénario tombe dans un espèce de faux rythme et finit par tranquillement s’enliser dans des ornières toujours plus profondes. En résumé, une fois l’originalité initiale du projet émoussée, le scénariste ne semble plus avoir grand-chose à dire et se limite à allonger sa sauce jusqu’à une conclusion sans réelle surprise. Dommage, car la tonalité flegmatique cent pour cent made in UK et l’ambiance étrange de cette fable aux portes de la paranoïa offre un écrin parfaitement dosé et mis en images à ces mésaventures.
Inspiration en berne ? Idée amusante au premier abord, mais s’avérant pas complètement aboutie au final, L’autre tournée s’annonçait intrigante et remplie de possibilités. La très belle réalisation visuelle et l’admirable atmosphère intemporelle et rétro à la fois sauvent un peu la donne, mais à peine.