Le 02/12/2025 à 07:16:53
Voici une oeuvre qui nous plonge dans un univers à la fois poétique et brutal, explorant les thèmes de la mémoire, de l'identité et de la résilience humaine. L'auteur, le talentueux Krassinsky, nous entraîne dans un récit où la nature et l'homme cohabitent, mais parfois s'opposent. L'histoire suit un protagoniste dont le parcours est marqué par des épreuves et des souvenirs enfouis, évoquant une quête de soi à travers les paysages à la fois majestueux et hostiles. Je n'ai pas été totalement convaincu par ce récit bien que j'aime beaucoup cet auteur qui a fourni de très beaux titres par le passé (notamment « Le crépuscule des idiots »). En effet, j'ai trouvé la narration parfois un peu pesante et surtout beaucoup de longueur qui ont ralenti le rythme de ce très long récit. Par contre, le graphisme est un véritable régal pour les yeux. Les illustrations, à la fois détaillées et organiques, capturent l’essence même des éléments naturels et des émotions humaines. Les nuances de couleurs qui traversent les planches créent une ambiance palpable, alternant entre douceur et tension, tout en renforçant les thèmes centraux de l'œuvre. Ce qui rend cette BD originale, c'est sa capacité à mêler le réel et le symbolique dans cet univers chamanique. Les éléments de la nature polaire, la pierre et l'os, deviennent des métaphores puissantes, évoquant la dureté de l'existence tout en soulignant la beauté de la vie. L'auteur réussit à nous interroger sur notre propre rapport à la mémoire et à la nature, nous incitant à réfléchir sur les traces que nous laissons derrière nous. Bref, c’est un voyage introspectif à travers la beauté du monde et la fragilité de l’être humain et qui peut s'apparenter à une véritable ode à la vie et à la mémoire. Cela reste une expérience à découvrir pour tous ceux qui cherchent à explorer la profondeur de l'âme humaine. Cependant en ce qui me concerne, la magie n'a pas vraiment opérée car je suis resté un brin hermétique. Cela sera sans mieux pour la prochaine fois !Le 03/05/2025 à 19:24:07
Je n’avais encore pas eu l’occasion de découvrir le travail de Jean-Paul Krassinsky et je ne connaissais pas non plus le livre de Bérangère Cournut. Autant dire que je me suis lancé dans l’inconnu en achetant « De pierre et d’os » sur les conseils de mon libraire. Et parfois, l’inconnu a du bon ! Il s’agit d’un album magnifique. La couverture avec son ciel éthéré est déjà une promesse de voyage. L’usage de l’aquarelle crée des ambiances colorées délicates et profondes qui arrivent à texturer la lumière. Cette atmosphère polaire très immersive nous enveloppe la rétine et nous plonge littéralement au Groenland. Un sentiment de beauté renforcé par un rendu souvent très réaliste de l’environnement. Mais JP Krassinsky se s’appuie pas sur sa technique uniquement pour poser un décor. Il la met entièrement au service du récit. Grâce à un découpage fluide, alternant séquences dynamiques, vues contemplatives et passages oniriques, le rythme reste haletant de bout en bout. Cette qualité narrative offre une lecture panoramique aux pays des Inuits. Le dessin des personnages, aux traits parfois bruts et anguleux, retranscrit parfaitement la rudesse, autant que la noblesse, de ce peuple survivant sur une terre âpre et peu prodigue. L’histoire de « De pierre et d’os » prend la forme d’un conte initiatique qui va décrypter le mode de vie de ces nomades de l’extrême, leur rapport aux ancêtres, à la chasse, aux innombrables esprits qui hantent ces contrées. Un mode de vie qui reflète la précarité de leur existence et leur force immense à lutter constamment contre des éléments hostiles. Grâce à des coutumes séculaires, des gestes immuables et une connexion spirituelle avec le monde invisible, ils parviennent à faire société, même soumis à des conditions dantesques. A travers le parcours déchirant d’Uqsuralik, une jeune fille que le destin isole un jour sur la banquise et que l’on va suivre de sa préadolescence jusqu’à sa vieillesse, se dessine le portrait d’une femme indomptée, d’un cœur farouche et résilient, d’un être au courage exceptionnel. C’est beau, c’est touchant, parfois effrayant. Tout un spectre d’émotions nous cueille à chaque instant à fleur de peau. Impossible d’y rester insensible. Cet album n’est pas parfait. Mais je le redis, il est magnifique et riche d’enseignements. Ma note généreuse traduit cette sensation de plénitude et d’étonnement qui m’a accompagné tout au long de ces 200 planches. Bravo M. Krassinsky !Le 25/04/2025 à 16:43:00
Les superbes aquarelles de Krassinsky nous invitent à un beau voyage initiatique en pleine nuit arctique. Un régal pour les yeux et les esprits des vents et des glaces. Jean-Paul Krassinsky (né en 1972) est un auteur de BD connu pour quelques belles aquarelles. Ce dessinateur réputé adapte ici un roman (sorti en 2020) de Bérengère Cournut : De pierre et d'os, une fable initiatique qui suit le parcours d'une jeune inuite au pays des glaces. Uqsuralik est encore une jeune fille et l'album s'ouvre avec l'apparition de ses premières règles. Elle va se faire surprendre par la banquise qui se brise et l'éloigne de l'igloo familial. Elle se retrouve seule, séparée des siens, en pleine nuit arctique. Elle n'a pour compagnons que quelques chiens et il va lui falloir "chasser avec eux, apprendre d'eux, ou bien mourir par eux, il n'y a pas d'autre choix possible". Après plusieurs jours de marche et de survie difficile, elle rencontre un autre groupe d'humains, plusieurs familles à géométrie variable comme le veut la coutume, mais avec des "femmes mal tatouées et des chasseurs maladroits". Ils l'accueillent car "quiconque peuple la banquise par une telle nuit est le bienvenu" et ils vont l'appeler Arnaautuq ce qui veut dire "garçon manqué". Elle n'est pas forcément la bienvenue, c'est une bouche de plus à nourrir et l'un des hommes va même la "couper en deux". ➔ L'album est précédé de la réputation du roman bien sûr (prix du roman Fnac 2019), mais ce sont surtout les superbes aquarelles de Krassinsky qui vont appâter l'amateur de BD. De véritables peintures qui se déploient sur de grandes pages (au format presque carré) avec des tableaux tantôt grandioses, tantôt intimes. On passe des étoiles sur la banquise glacée aux fleurs sur la toundra verdoyante au printemps. Ces magnifiques dessins comptent pour beaucoup dans le charme envoûtant de cette aventure écrite au féminin. ➔ Au cours de ce grand voyage initiatique, la jeune fille deviendra femme, mère, chasseuse et même chamane. La survie de ces nomades est réglée sur les saisons, la chasse et la pêche. Et là-bas on est obligé de compter les bouches à nourrir avant l'hiver aussi précisément que les réserves de gibier. L'album est généreux (200 pages) et le lecteur verra défiler les saisons puis les années, les générations. À travers Uqsuralik et ses multiples rencontres, le texte, adapté du livre de Bérengère Cournut, va nous permettre de découvrir les coutumes, les traditions, les chants et les superstitions du peuple de l'arctique. C'est un très beau voyage, éprouvant, émouvant.BDGest 2014 - Tous droits réservés