Le 27/08/2025 à 22:28:54
"GTO" est une série que je découvre sur le tard avec le trait affirmé de Fujisawa Toru. La force de la série vient surtout du découpage qui propose des surprises fréquentes, avec des retournements de situations inattendus qui bouleversent le récit, des illustrations en pleine page ou en double page qui soulignent une situation, un lieu, mais surtout une émotion. L'expressivité des personnages va à l'excès, des caricatures à l'extrême : amplification des rides du visage, exagération des expressions, transpiration ou crispation excessive, tout comme des situations loufoques et complètement tirées par les cheveux. On retrouve les codes graphiques connus du manga, mais aussi tout le savoir-faire Japonais en matière de narration, de rythme et d'intensité. Le propos initial est axé autour de l'obsession d’un professeur en devenir pour les femmes, notamment leurs culottes et les mini-jupes des uniformes des lycéennes ; un argumentaire sordide qui servira de vecteur pour la construction du récit et des personnages. Malgré le côté voyeur et le passif de yakuza du dénommé Eikichi Onizuka, on se rend compte que le personnage principal a tout de même un cœur, il reste humain et entier, c’est ce qui le rend attachant. Il est “socialement intelligent”, mais ne montre aucune envie d'enseigner ou de transmettre à ces élèves, mais plutôt de faire régner l'ordre ou sa propre loi au travers de techniques bien personnelles, c'est dans cette façon bien à lui de gérer les problèmes que la série va gagner en puissance et en intérêt, malgré son côté puéril. Eikichi reste très imprévisible et doté d'une certaine intuition maladroite pour la justice (à sa façon), c’est un homme mystérieux, difficile à cerner dans les 3 premiers tomes, la suite permettra de le connaître un peu plus. Fujisawa Toru arrive à introduire dans le personnage de Onizuka une certaine philosophie de vie qui le suivra tout au long de la série. Les personnages secondaires sont moins attachants et ne s’incarnent pas aussi facilement. Avec de nombreuses boutades et actions loufoques, "GTO" montre un récit décalé, décapant, un brin philosophique (pas assez à mon goût) avec beaucoup de références culturelles sur le Japon qui conviendront à un public adolescent et jeune adulte, moins à un public plus mature ; cela peut réveiller une certaine nostalgie ou mélancolie pour ce dernier, mais la psychologie des personnages est mise de côté contre l’action et l’extravagance. Sur la durée et c'est bien le plus gros problème de la série, la structure a du mal à se renouveler et à proposer véritablement du neuf malgré le nombre de nouveaux personnages qui défilent ; tous ne sont pas intéressants. Et parfois, une situation s’étale sur un tome complet sans renouvellement, si l’arc narratif déplait à ses débuts, difficile de montrer de l'intérêt ensuite (les récits avec Toroko dans le T4/T5 et Kanzaki dans le T7 et T8 sont trop long et sans intérêt pour moi). Certaines parties sont très fouillis par le nombre de bulles et d'anecdotes humoristiques qui parcourent les cases, en plus du “brouhaha” d'onomatopées existantes. La série ouvre de nouveaux arcs narratif, introduit de nouveaux personnages mais ne les développent pas suffisamment ; les personnages défilent sans forcément être à la recherche du fond du problème. "GTO" est provoquant sans tout le temps être constructif avec une impression qu'il n'y a pas d'évolution des relations entre les personnages (Par exemple entre Onizuka et la professeure Mme Fuyutsuki Onizuka et entre Onizuka et Mme Moritaka, la mère de l'élève Kunio Murai). Inexorablement, le récit stagne. En souhaitant faire de GTO un divertissement extravagant, parfois truffées d’invraisemblances, la série manque de consistance sur le long terme, on le ressent à partir du T3, c’est donc très tôt dans la série. Il faudra attendre le T6 pour reprendre un travail narratif plus sérieux, dynamique et qui prend un peu plus de temps pour développer et donner de l'importance à Onizuka, aux personnages et au récit. Mais on retrouve les mêmes poncifs sur le T7 et le T8, avec des propos très “pipi-caca”, "Il faut virer Onizuka de l'enseignement", “Parce que c’est une larve, un microbe” (l’argumentation est très pauvre), tout le monde semble en vouloir au “Great Teacher” en cherchant à tout prix à l’éliminer, c’est très lourd . J'ai arrêté ma lecture au milieu du T8, car beaucoup trop long et répétitif, surtout avec des histoires extravagantes et sans intérêt. Je suggère à minima les 3 premiers tomes pour se faire une idée, ensuite on répète le même schéma avec des personnages différents et il ne se passe pas grand chose. 25 tomes, c’est beaucoup trop (5 à 6 tomes seraient suffisants à mon avis).BDGest 2014 - Tous droits réservés