Le 07/12/2025 à 18:11:59
Après avoir relu Supergirl : Woman of Tomorrow, par Tom King et Bilquis Evely, j’ai immédiatement sauté sur cet album sorti récemment en librairie par la même équipe créative, coloriste compris. Outre leurs auteurs, leurs histoires ont quelques thèmes en commun : le fantastique bien sûr mais aussi le deuil, leurs personnages féminins, leurs récitatifs prolixes et le goût de leur héroïne respective pour la boisson. Et peut-être est-ce seulement leur lecture successive qui m’a donné cette impression mais le duo formé par Helen et sa gouvernante m’a tout de suite fait penser à la dynamique entre Supergirl et sa commanditaire extraterrestre (Helen of Wyndhorn 2024, #1-6). Helen est une jeune fille désœuvrée qui noie sa mélancolie et le chagrin de la mort de son père dans l’alcool. Sa vie change soudainement lorsque, accompagnée d’une gouvernante de bonne éducation, elle est invitée au manoir familial où une aventure fantastique l’attend. À l’instar de l’armoire magique de Narnia, le manoir est en effet ouvert sur un monde imaginaire peuplé de créatures d’heroic-fantasy qu’Helen rencontrera ou combattra en compagnie de la figure héroïque de son grand-père. Comme souvent, King instille dans son intrigue un parallèle avec les comics qui, à mon sens, invite ici à s’évader dans la lecture. Du reste, je ne suis pas certain d’avoir saisi tout le sens de cette aventure si ce n’est de faire son deuil, de se réconcilier avec sa famille et d’aller de l’avant. Mais peu importe que la conclusion soit alambiquée, on passe un fort agréable moment de lecture à tourner les pages de ces six épisodes. C’est un bel ouvrage, un dessin magnifique, l’Eisner Awards 2025 pour Evely est assurément mérité et la version en couleurs est à privilégier à celle en noir et blanc tant les couleurs de Matheus Lopes sont lumineuses.Le 03/12/2025 à 10:36:49
Il y a trois ans le trio artistique marquait suffisamment les esprits avec Supergirl, woman of tomorow pour pousser le nouveau patron de DC Studios James Gunn à lancer l’adaptation du comics à l’écran. La brésilienne Bilquis Evely revient accompagnée de son coloriste pour une nouvelle démonstration graphique sur un récit déconstruit et analytique dont Tom King a le secret. Et c’est là d’ailleurs sans doute le principal point faible que l’on rencontre dans la plupart de ses créations et déjà constaté sur Supergirl: l’absence d’antagoniste et le refus de l’épique qui peut sembler contradictoire avec un projet comme Helen de Wyndhorn. L’album suit l’initiation de la garce Helen par son grand-père et héros fantastique, sous le témoignage de sa préceptrice qui fera office de relai du lecteur et d’élément rationnel face à des aventures absolument fantasmagoriques. Puisant toujours sa sève dans le Watchmen d’Alan Moore, King intercale l’histoire d’Helen par des inserts de témoins du passé ou du futur qui permettent d’aborder le regard extérieur sur la création littéraire. Car c’est ce qui intéresse l’auteur que d’analyser au travers de l’évolution psychologique et familiale de son héroïne, le lien entre réel et création littéraire. On ne verra que peu le monde fantastique dont on laissera très mystérieux les ressorts. Toujours tiraillé entre le réel du grand-père, ce musculeux et invincible héros qui passe son temps à guerroyer dans l’Autre monde et celui d’Helen enfermée dans le vaste manoir Wyndhorn en compagnie d’un Alfred local et de la seule personne qui semble s’intéresser à son sort, la préceptrice, le lecteur avance sur un enchaînement de promesses jamais vraiment tenues. C’est un étrange projet que nous propose celui qui avait si brillamment convaincu sur son Strange Adventures. Album qui illustre peut-être la difficulté à se renouveler malgré la qualité de la réalisation et le talent des collaborateurs graphiques, Helen de Wyndhorn est tout sauf une grande aventure épique. Symptôme d’une époque où les créateurs refusent la facilité au risque de ne jamais donner au lecteur le pulp qui lui est annoncé (on pense à Adventureman), ce one-shot reste un hommage appuyé au créateur de Conan, Robert Howard. Très élégamment écrit, d’une lecture très fluide et transcrit par des dessins superbes bien qu’un peu moins inspirés que sur Supergirl, Helen de Wyndhorn est un objet intellectuel meta dans un habillage fantasy. Intéressant à coup sur, brillamment mené, il lui manque probablement un lien avec le lecteur susceptible d’en faire un incontournable. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2025/12/02/helen-de-wyndhorn/BDGest 2014 - Tous droits réservés