Le 02/09/2025 à 14:38:18
Le redoutable duo Eacersall/Scala continue sur une lancée sans faux pas depuis leur fauve à Angoulême sur Gost111. Toujours la même recette, toujours la même réussite narrative: les techniques scénaristiques du cinéma, le fond issu des expériences de Scala dans la police. Cette fois ils nous convient non pas dans les méandres du Dark Web (comme avait pu le faire Rick Remender dans son glaçant Une soif légitime de vengeance) mais plutôt dans les expériences dangereuses d’une lycéenne qui n’a pas froid aux yeux. D’abord présentée comme militante marquée par l’histoire de sa mère, iranienne réfugiée en France, que le sentiment d’impunité de son âge incite à repousser les règles de sécurité d’une activité qui semble aussi excitante que sans risque, Roxane se complexifie sous nos yeux. Sous les caryons simples mais élégants du débutant Jerôme Savoyen dans un style manga, on suit une jeune fille pleine d’assurance et de morgue, dans une famille aimante et sans difficultés particulières pouvant expliquer son activité. Et c’est toute la richesse de cet album que l’on dévore de bout en bout que de maintenir tout le long une complexité des personnages insaisissables. Rejetant tout manichéisme, le scénario interroge les motivations et les réactions de Roxane et de son comparse du Dark Web sans forcément donner de réponses. Car les personnages eux-mêmes , comme dans la vie, ne savent pas toujours pourquoi ils réagissent de telle manière. Des pistes sont ainsi lancées pour essayer de comprendre: l’histoire familiale? Pas vraiment car sa mère est arrivée simplement par avion comme réfugiée. Ses troubles psychiques? Peut-être, mais ces incidents sont anciens et sont peut-être un prétexte pour des choix simplement liés à l’adrénaline. Plutôt stoïque, on ne sent pas vraiment cet attrait du danger chez Roxane… Tournant autour de ce personnage central, parents, policiers de la brigade cybercriminelle ou associés vont tenter de cerner cette jeune fille insaisissable. Sans véritablement détailler l’univers des cybercriminels, sans non plus décortiquer la psychologie adolescente, IRL est néanmoins un peu tout cela ficelé brillamment par des auteurs en pleine maîtrise de leur art. Après la police scientifique, les mules ou les indics, le duo a le mérite de renouveler ses collaborations graphiques à chaque album ce qui permet de changer d’univers visuel tout en continuant notre immersion dans les mille et une facettes de la criminalité et de la police, deux éléments essentiels permettant surtout d’observer une réalité de la vraie vie des vrais gens. Ce que reste le genre Polar en définitive. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2025/09/02/irl/BDGest 2014 - Tous droits réservés