Le 14/04/2025 à 07:11:13
Encore le récit d'un destin brisé que celui de ce jeune soldat de la guerre de 14-18 à savoir Jules Matrat qu'on est venu cherché dans sa paisible Haute-Loire. Il a donné sa vie pour la France afin de lutter contre les armées du Kaiser Guillaume II voulant envahir notre pays dans une volonté expansionniste de domination sur l'Europe. Il a abandonné sa fiancée Rose à contre cœur afin d'accomplir son devoir pour la Nation dans les tranchées boueuses et humides. Comme beaucoup qui ont échappé à la tuerie de masse orchestré par les généraux français dont les noms pullulent dans nos rues comme pour célébrer la victoire des bouchers. C'est tiré de l’œuvre d'un romancier Charles Exbrayat publié en 1942 en pleine Seconde Guerre Mondiale. Oui, l'homme n'apprends toujours pas de ses erreurs et de ses horreurs commises. Le début est à peine crédible avec un paysan qui ne sait pas ce qu'est la guerre et qui ignore totalement tout du monde dans lequel il vît. C'est une bien triste image qui à mon sens a été poussé à l'exagération pour nous dire que dans les campagnes, on était un peu isolé des choses de ce monde. Mais bon, soit, il découvre qu'on est en guerre contre l’Allemagne et que ce n'est pas sa ferme qui brûle. La narration fait également très « vieille France » et n'est pas du tout adapté à notre époque moderne. Bref, les dialogues m'ont paru assez désuet mais certainement authentique au vu du milieu et de l'époque. C'est juste qu'à vrai dire, ce n'est pas très emballant. Cependant, passé ce cap, on apprécie le ton juste de l’œuvre ainsi que le message véhiculé par l'auteur. Sur le fond, c'est une véritable tragédie que ce facteur qui annonce la mort brutale de ces jeunes partis au combat en laissant leurs vieux parents à la ferme. Oui, dans ce monde-là, ce sont les jeunes qui sont partis en premier. On éprouve beaucoup de chagrin pour ces parents qui perdent l'essentiel du but de leur vie. Et pour ceux qui ont survécu à ce terrible conflit, le traumatisme est tellement grand qu'ils n'arrivent plus à vivre correctement. C'est bien encore ça les destins brisés de ces jeunes gens. Au dessin, Serge Fino apporte toute sa délicatesse et son efficacité en ce qui concerne les personnages. C'est un dessin empreint d'un certain réalisme pour des planches où on en prend plein les yeux ! Même le grain du papier me semble assez spécial, presque lourd. Au final, c'est encore un témoignage poignant de cette Première Guerre Mondiale qui fit 10 millions de morts en Europe, dont 1,5 million de Français. C’est un énorme cataclysme dont l’Europe ne se relèvera pas complètement.BDGest 2014 - Tous droits réservés