Résumé: ''La quête du gras'' est une épopée culinaire, un roman picaresque, un voyage initiatique, c'est l'histoire de mégalo poupos, cuisinier errant, qui devra affronter un étrange destin...de batailles de cuisine en duels enflammés, protégé par des mages et des êtres surnaturels, arrivera-t-il à vaincre ses redoutables ennmis et renouer avec ses origines ?
Entre les dieux et les hommes, dans un univers brillant de mille feux, un héros des anciens temps renaît...
A
lors qu’il profitait du climat et de la douceur de l’Île aux épices, Mégalo Poupos, le célèbre cuisinier gastronome, apprend de la bouche de son agent l’échec du projet de film basé sur Banquets !, son best-seller. La caisse est vide, c’est la ruine… Après un moment de doute et quelques rhums afin d'encaisser le coup, il se rend compte que le temps de recoiffer sa toque est arrivé. Pour briller à nouveau, il doit aussi quitter son paradis et la belle Poulpina. Direction Babylone, la ville de tous les possibles et de tous les défis ! Sans le sou, il embarque sur le France n’imaginant nullement que cette croisière va se transformer en une véritable Odyssée qui le mènera jusqu’au sommet du Valhalla épicurien (ou de l’Olympe gourmand, suivant vos goûts).
Attention, attention, avertissement aux végans délicats, aux militants pour la tempérance et aux amateurs de bande dessinée apaisée : La quête du gras met en scène des propos et des ingrédients qui pourraient vous choquer. De plus, l’approche graphique totale et le côté démiurge de la narration ne sont pas peut-être pas adaptés à la sensibilité des lecteurs habitués aux charmes discrets de la ligne claire.
Mégalo Poupos ne fait pas dans la nouvelle cuisine et le «light», pas plus que ses concurrents d'ailleurs. Ici, c’est celui qui gueule le plus fort et celui qui ose le plus qui dicte les règles. Une seule règle en fait : des ingrédients de première qualité ! Gras, saveurs bien dosées, piments explosifs, tour de main inspiré par la générosité, c’est de la cuisine qui brûle et élève les palais qui est servie, pas du sauté de kale aux racines de radis arrosé d’eau minérale !
Roland Theimer, chef renommé et champion de la bistronomie, a imaginé un conte plus grand que nature mettant en scène un alter ego démesuré et néanmoins très humain. Flanqué de side-kicks pas moins déjantés, Mégalo s’engage dans un voyage prodigieux et une série d’affrontements culinaires hallucinés boostés aux références mythologiques et littéraires. Clash sur clash sur clash, entrecoupés de monologues hauts perchés et, toujours, un rappel sur l’importance de l’excellence quand il s’agit de boustifaille. Le programme est généreux, outrancier parfois, mais toujours hilarant et totalement abouti.
Aux pinceaux, Nicolas Toran n’en demandait pas autant pour déployer son talent et sa créativité. Découpage qui ne fait pas de prisonnier, couleurs qui crachent et une surenchère visuelle permanente, les planches envoient du lourd. Dans un genre très différent évidemment, son travail et son énergie rappellent ceux du Philippe Druillet de la grande époque, c’est vous dire. Pour autant, une fois le premier choc formel digéré, la lecture passe crème et se révèle passionnante, malgré ses audaces et sa densité.
Épique, parodique, truculent et picaresque, les adjectifs ne manquent pas pour décrire La quête du gras. Attention cependant, sous la clameur et les arômes puissants se cache une véritable ode à la tolérance et aux plaisirs simples : de bons plats, préparés avec amour et des amis autour de la table pour les partager. Elle n’est pas belle la vie ?