Le 01/09/2025 à 07:18:15
Voici une belle histoire de papillon dans un monde ravagé par le changement climatique où des espèces sont en train de mourir. On savait que les oiseaux ne se cachent pas pour mourir. On apprendra désormais que les papillons ne meurent pas de vieillesse. Tout cela donne un certain espoir ! Sauf que si on se penche véritablement sur le sens de cette phrase à priori positive, on se rend compte que les papillons, dans leur grande majorité, connaissent tous une fin assez prématurée entre les nombreux prédateurs de la nature qui se nourrissent de leur proie. Il faut savoir qu'un papillon ne vit qu'entre 48 heures et trois semaines en général. Ils n'ont pas le temps malheureusement de mourir de vieillesse ! J'ai appris grâce à cette BD des choses assez intéressante sur les papillons dans des interludes assez bienvenue entre les scènes de ce récit nous entraînant dans la forêt amazonienne qui est en danger. En effet, de riches individus veulent l’exploiter en la détruisant et surtout en mettant tous les moyens financiers à leur disposition pour détruire tout ce qui y vit, notamment les tribus indiennes qui la peuplent depuis des millénaires. Il est vrai que l'un des derniers présidents du Brésil à savoir Jair Bolsonaro n'a pas favorisé l'extension de l'Amazonie bien au contraire en la donnant à ces riches compagnies qui exploitent l'or par exemple. Il est d'ailleurs aujourd'hui visé par la Cour international pour avoir été responsable d'un véritable génocide des peuples autochtones en ayant accéléré la destruction de la forêt amazonienne. Il n'en sera pas fait mention dans la BD mais on se doute bien de son énorme responsabilité notamment quand notre héroïne va partir en croisade contre ceux qui ont causé tant de souffrance. J'ai bien aimé ce récit bien que la fin laisse beaucoup de questions en suspens. Je trouve que le scénario est particulièrement original pour nous faire pencher sur le sort assez funeste du poumon de notre Terre. Il faudrait absolument le protéger contre la voracité de ces riches hommes d’affaire qui ne reculent devant rien.Le 13/04/2025 à 11:17:46
Fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : les très belles planches de l'album nous emmènent à la chasse aux papillons. Matz est un auteur que l'on connaît bien et que l'on apprécie beaucoup (la série Le Tueur, c'est lui), mais on ne le connaissait pas collectionneur de papillons ! Entre deux polars, il s'est autorisé une petite parenthèse écolo avec Frédéric Bézian pour nous emmener à la chasse aux papillons en Amazonie : Les papillons ne meurent pas de vieillesse. Matz s'est même permis un petit clin d’œil à ses fans puisqu'il a baptisé son papillon impossible le Parides Ascanius Nolentus (son nom de ville est Alexis Nolent) ! Au fil de leur courte existence de quelques jours "les papillons, fragiles et vulnérables, ne meurent pas de vieillesse, mais de mort violente". ? Voilà bien une sympathique fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : un roman d'aventures, un thriller politique qui met en scène les enjeux complexes de la région. ? Le dessin de Frédéric Bézian est une réussite avec un beau dégradé de gris que viennent illuminer de temps à autre seulement les parures colorées des papillons : un pari audacieux mais vraiment gagné. Le gris pointillé évoque les gravures scientifiques d'antan. Pour profiter des changements de rythme qu'autorise la BD (F. Bézian aime à dire qu'il ne fait pas du cinéma sur papier), l'album est émaillé de planches d'entomologie 'vintage' et même de quelques beaux haïkus comme celui-ci du poète japonais Arakida Mortake : « [...] Tombé de la branche Une fleur y est retournée : C'était un papillon. » ? L'album semble appeler une suite, d'autant qu'une douce complicité va se nouer entre la jeune Géraldine et le brésilien Candido ... ! On attend déjà avec impatience ! La réapparition d'espèces disparues de papillons n'est pas de la science-fiction. Il y a bien sûr quelques "lâchers" volontaires pour réintroduire certains insectes mais les entomologistes découvrent également des Résurrections tout à fait naturelles comme par exemple celle de la Nonagrie soulignée dans nos marais atlantiques. Cela vient compenser un petit peu les trop nombreuses extinctions. Camille est un expert entomologiste et grand collectionneur de papillons. Il emploie au Brésil un chasseur local, Candido. Chez lui en France, il héberge sa jeune cousine, Géraldine qui l'aide à trier ses bestioles. Camille et Géraldine vont rejoindre Candido en Amazonie. Cette histoire aurait pu s'intituler l'histoire du "chasseur de papillons qui n'existent pas" ... puisque l'intrigue se noue en Amazonie lorsque l'on capture par hasard un papillon censé avoir disparu depuis de nombreuses années. « [...] - Quel est le problème ? - Le problème c'est que ce papillon est un Parides Ascanius Nolentus. Le problème c'est qu'il vivait dans les marais de Rio de Janeiro ... ! ... et si je dis "vivait", c'est qu'il a disparu depuis des années ... ! Regarde Candido, mon chasseur, travaille dans l'état du Roraima, au nord du Brésil, à des centaines, voire des milliers de kilomètres de Rio de Janeiro ! Tu comprends le problème, maintenant ? » Un doux rêveur (Camille) et sa jeune cousine (Géraldine) vont accompagner le chasseur de papillons (Candido) au cœur de la forêt vierge pour confirmer la découverte énigmatique. Jusque là tout va bien pour cette petite équipe qui joue les Tintin en Amazonie, mais on se doute qu'avec Matz au scénario, la balade des gentils écolos ne sera pas de tout repos. Ainsi Camille rédige un article pour le National Geographic et appelle à sanctuariser le secteur pour le protéger de la déforestation : évidemment les sociétés multinationales ne voient pas d'un très bon œil les projecteurs de l'écologie soudainement braqués sur une région où ils prospéraient jusqu'ici à l'abri des regards et nos héros devront également faire face à l'hostilité des paysans locaux qui exploitent ces terres pour l'orpaillage et le pâturage. Au détour d'une belle planche d'entomologiste (page 25), l'album nous apprendra que le mot papillon vient du grec psukhê qui signifie souffle, le souffle de la vie qui caresse ce qu'il touche et par extension âme puisque celle-ci s'envole dans notre dernier soupir.BDGest 2014 - Tous droits réservés