Q
uel est mon rôle sur Terre ? Loin d'être anodine, cette question est récurrente chez Ana Ana. Aidée par ses amies et sa famille, peut-elle sortir de cette crise existentielle ?
Dominique Roques parvient toujours à renouveler ses scenarii, sans changer le ton de la série. Dans ce tome titré Questions existentielles, l'autrice propose de suivre à parts égales les agissements de Pico et les interrogations d'Ana Ana qui naissent après que la petite fille et sa mère croisent une amie de celle-ci dans la rue. Lors de la discussion, un propos choque l'enfant : " Parfois, j'aimerais avoir une fille sans histoire...comme Ana Ana". Ne connaissant pas l'expression, la fillette demande à son grand frère de lui expliquer. Cet instant constitue le point de départ de plusieurs histoires dans lesquelles parents et amis tentent de lui remonter le moral à travers des échanges parfois vifs, mais souvent sincères et riches en répartie.
Dans ce domaine, Pico n'est pas en reste et réussit toujours à donner le change aux adultes, qu'ils soient libraire, professeur ou papa. La scénariste a su conserver ce qui fait le sel de ce personnage atypique et attachant, à savoir son éloquence frôlant une gentille irrévérence. Cet expert en joute verbale tient à avoir le dernier mot, y compris quand il a tort. Pour éviter la redondance narrative ou simplement la répétition, Dominique Roques fait montre de suffisamment d'esprit et d'inspiration pour trouver un ou plusieurs ressorts qui redynamisent les échanges.
La qualité du style d'Alexis Dormal contribue l'univers de Pico Bogue. unique. Il se dégage de ses aquarelles, une ambiance à la fois douce et chaleureuse - dès la couverture de l'album - grâce à des choix de colorisation pertinents et à un trait délicat dominé par les rondeurs.
Même après dix-sept albums, Pico Bogue demeure un bol de bon air, de fraîcheur, d'esprit et d'humour léger. À lire en famille et sans modération !
Les avis
Yovo
Le 26/10/2025 à 18:20:34
Ce 17e Pico Bogue est un excellent cru ! Les « questions existentielles » d’Ana Ana et Pico sont tordantes et loin d’être idiotes.
Comme à son habitude, Dominique Roques parvient à insuffler de la profondeur à des situations en apparence banales. Tout est prétexte à réfléchir, apprendre… et rire. Il faut dire que la plupart des histoires composant l’album sont développées sur 2 ou 3 pages, ce qui est à mon avis le meilleur format pour construire une scène qui ne soit pas qu’un « gag », en maintenant du rythme.
Au regard des premiers titres, le dessin d’Alexis Dormal évolue un peu, mais dans le bon sens. Le trait est un peu moins précis mais plus vif, plus rond, plus charnel. Ses aquarelles sont de plus en plus belles et débordent de vie et de couleurs.
Il faut noter que chaque personnage a une façon de se tenir qui lui est propre. La petite Norma, par exemple, est très souvent assise de la même façon au fil des albums. Idem pour Elsa, la maman, quand elle lit, ou Charlie, Bobby et tous les autres. Ces détails qui n’en sont pas montrent la maitrise du dessinateur et la cohérence avec laquelle il a construit son univers. Le lecteur évolue ainsi dans un espace étrangement familier, plein de livres, de chaleur et de tendresse.