Résumé: « Ne jamais aller à Turin, à aucun prix ». Franz Kafka Antonio Ventimila est perdu dans une existence parisienne vide de sens. Un soir, il plaque tout, sans prévenir personne, direction l'Italie. Un accident de la route le fait échouer dans un hôpital turinois où il croise le chemin d'un romancier fantasque qui lui propose de l'assister pour son prochain livre : l'ouvrage de référence sur la ville. Réputée pour sa dimension ésotérique, Turin est une des trois capitales de la magie blanche et une des trois capitales de la magie noire ; le théâtre d'un ballet démoniaque, entre légendes urbaines, faits divers mafieux et vestiges obscurs de l'Histoire italienne. Pour Antonio, démêler les histoires criminelles de son enquête sera un chemin sinueux. Il commence par une rencontre : celle de Chiara, une charmante réceptionniste qui lui révélera ses mystères, tandis qu'Antonio affrontera les démons de la ville en même temps que les siens. Parmi eux, un deuil infernal et l'héritage de l'homme le plus maléfique du monde... Avec un style reconnaissable et un sens inné du rythme, Alexis Bacci revient avec un polar ésotérique explosif, où le mystique côtoie le crime. Dans son album le plus personnel, l'auteur se dévoile à travers l'incarnation d'une lutte contre les forces du mal. Possessions est un roman graphique dense, haletant et intimiste, teinté de fantastique pour une quête chargée de symbolisme.
«
Ne jamais aller à Turin, à aucun prix » aurait dit Franz Kafka ! À l’évidence, Antonio Ventimila ne semble pas avoir lu Kafka…
Avec Possessions, Alexis Bacci signe un album à la croisée des chemins : roman graphique par la pagination, giallo eu égard à quelques démêlés mafieux, écrit cathartique en référence à l'état mental du héros ou bien encore recueil sur l’ésotérisme turinois ! Ainsi, au fil d'un récit haut en couleurs, le lecteur est porté dans les arcanes de la métropole piémontaise avec une belle fluidité, témoignage d’un récit parfaitement pensé et rythmé.
Au prétexte d’explorer les rituels et autres enchantements qui règnent sur les nuits turinoises, Alexis Bacci s’attache plutôt aux blessures intérieures de ses protagonistes et développe une iconographie à la fois réaliste, psychédélique et ésotérique. Graphiquement, l’auteur impressionne par sa maîtrise des contrastes avec des couleurs vives contre des aplats sombres, ou un trait tendu qui sait cependant épouser les psychés tourmentées. Jouant sur différents registres narratifs et graphiques qui se juxtaposent, s’interpénètrent et se complètent, l'album reste cependant toujours lisible malgré son foisonnement.
Si l'aspect autobiographique sur la figure tutélaire du père, le trauma du deuil et les affres de l’enfance pourrait, parfois, indisposer, l’intrigue n’est toutefois jamais sacrifiée au bénéfice de l’introspection. En cela, Alexis Bacci trouve un subtil équilibre entre polar et exorcisme !