Le 05/09/2025 à 07:37:05
On retrouve la prolifique Lou Lubie pour un nouveau roman graphique. Il est vrai que ces dernières productions ont beaucoup marqué le public essentiellement féminin (Et à la fin, ils meurent, Comme un oiseau dans un bocal, Goupil ou face, La fille de l'écran...). Il s'agit cette fois d'une BD sur l'acceptation de soi et notamment sur ses origines. C'est parfois difficile notamment pour notre héroïne Rose, une fille métissée qui se cherche, ou plutôt, qui est d'abord rentrée dans la norme pour échapper au sexisme et au racisme de notre société. Cependant, le mot « racine » cache parfois des sens bien différents. Plus encore, le thème sera celui des cheveux car visiblement, certaines personnes en ont fait une sorte de marqueur sociale qui peut favoriser la catégorisation et par conséquent la discrimination. Cette BD va d'ailleurs démontrer, de façon assez marquante, le développement d'un certain racisme qui gangrène toute notre société. Je note une amélioration au niveau du trait qui me semble plus lisible dans sa finesse avec d'ailleurs une très belle colorisation. Le dessin est en adéquation pour ce genre de sujet. C’est facile plutôt à lire avec une mise en page soignée et une narration particulièrement fluide comme à son habitude. Par ailleurs, on aura également à une belle édition qui met en valeur l’œuvre ce qui est toujours non négligeable pour ne pas se moquer du lecteur. Au niveau de ce récit, on ne le lâche plus car c'est très captivant comme à chaque fois grâce à un certain savoir-faire. C'est plus une sorte de documentaire qui nous apprendra mille chose à connaître sur le cheveu sans que cela ne tombe dans des considérations trop biologiques et scientifiques assommantes. J'ai retenu quelques points comme la taxe rose qui touche essentiellement les produits de beauté féminin. Ainsi, un shampoing coûte plus cher pour une femme que pour un homme. Je n'avais pas vraiment remarqué cela en me disant que la hausse de prix se justifiait par une quantité de produits spécifiques en plus. En fait, ce n'est que du marketing. Bref, cette BD m'a un peu ouvert les yeux sur des aspects assez anodins mais qui peuvent avoir leur importance dans un ensemble plus large. C'est cette accumulation de petits détails qui peuvent nous pousser à la réflexion sur le sexisme ou bien sur les préjugés racistes et autres injonctions sociétales. Par ailleurs, on parle à un moment donné de dysmorphophobie qui est un trouble de la perception de son corps. On peut tous en être victime malheureusement. En ce qui concerne Rose, elle a fait une véritable fixation sur ses cheveux au point de la rendre souvent malheureuse. Mais bon, souvent c'est à raison quand on voit les mauvaises remarques des gens autour et même le traitement des salons de coiffure qui font parfois dans la discrimination capillaire. Je me suis également demandé si cette œuvre était autobiographique car Lou Lubie vient également de l'île de la Réunion. Elle expose sans doute une autre facette que l'on ne connaissait pas au travers du personnage métissé de Rose. Il y a cependant une constante : cela reste drôle et didactique à la fois ! Je suis admiratif de la richesse du travail qu'elle a produit dans cette BD vraiment passionnante sur un sujet qui peut apparaître bien futile. Evidemment, cela fait partie des œuvres et surtout d'une auteure de talent que je recommande !Le 28/02/2025 à 08:55:33
Un mélange judicieux entre le documentaire et le récit autobiographique. Le dessin est simple, mais il n'en faut pas plus pour communiquer un message ou une information, et c'est bien l'objectif de cet ouvrage. Une touche d'humour agrémente le tout et rend la lecture fluide et agréable. Impossible de terminer cette BD sans avoir appris quelque chose sur les cheveux !Le 09/02/2025 à 14:22:33
Bien que le sujet était loin d’éveiller un intérêt de ma part de prime abord, l’auteur navigue entre ses problèmes de racines capillaires et le fait d’assumer ses origines. La narration permet de suivre avec intérêt chaque page en apprenant beaucoup sur la tradition capillaire mais aussi sur l’ethnologie en passant par les angoisses de la dysmorphophobie. Vous pouvez l’acheter les yeux fermés.Le 19/12/2024 à 13:44:07
Comment faire un récit autobiographique touchant, qui pousse à réfléchir, à partir du prisme... des cheveux. Bluffant ! Racines est à la BD ce qu'Americanah de Chimamandah Ngozie Adichie est au roman.Le 05/11/2024 à 07:54:20
Lou Lubie fait coup double cet automne, en remportant les prix Télégramme (Brest en bulles) et Ouest France (Quai des Bulles)... Deux journaux à la fois concurrents et similaires, dans leur parisianisme bourgeois (qu'est-ce qu'ils ont de breton ?). Il n'empêche que la BD, qui a été primée sous leurs noms, est très positive. La bibliothécaire me l’a gentiment fait passer sur ma carte, après m’avoir mis l’eau à la bouche et alors qu’il était multiplement réservé... Merci à elle. Pourtant, je ne partais pas conquis sur ce genre de BD, que ce soit à cause de son trait ou du statut d’influenceuse de Lou Lubie, son autrice. Mais, d’emblée, je dois avouer que la couverture de la BD m'a attirée... Pas pour sa nudité - ça n'émoustille que les ayatollahs - mais parce que c’est un bel objet, tout en relief... On a envie de la toucher et de la prendre dans nos mains. Ensuite, si les dessins me rebutaient un peu au départ, j'ai vite changé d'avis à la lecture... Lou Lubie a son style, créole et féminin. Ses dessins sont clairs et accessibles. Cela sert bien son propos didactique, vulgarisateur. Surtout, la mise en scène est parfaite, avec un grand sens de la narration. Ce qui n’efface pas non plus un plan (il n’y a pas de chapitre) digne d’un blog (c’est un peu fourre-tout). Mais ça reste très fluide. Enfin, le propos de Lou Lubie est d’une formidable densité. C’est parfois émouvant et elle est parvenue à me passionner avec son histoire de tifs, qu’elle relie aussi à ses origines, à l’Histoire de la Réunion. Le titre est donc particulièrement bien trouvé et j'ai apprécié les passages dans sa langue maternelle, le créole. Son ton est assez neutre, plutôt juste dans l’ensemble, quoiqu’elle peut parfois s’enflammer un peu je trouve, obnubilée qu’elle est par le cheveu crépu (exemple : pour moi Sibeth N’Diaye est plus une parvenue de la Macronie, qu’une figure importante du féminisme...). Mais, dans l’ensemble, j’ai lu cette BD avec beaucoup d’intérêt, alors qu’elle était relativement loin de mes centres d’intérêt justement. Un petit miracle... J'espère que le tome 2 fera repousser les cheveux des hommes, parfois pauvres en la matière...Le 26/06/2024 à 08:49:00
Très bonne BD qui met en exergue un réel problème que peuvent vivre certaines adolescentes. Le dessin est très classique mais avec de très belles couleurs !Le 01/06/2024 à 14:34:00
Rose a des origines réunionnaises qui lui ont laissé en héritage de magnifiques cheveux crêpus. Mais Rose n'est pas du tout de cet avis. Pour elle, sa chevelure est un fardeau, une malédiction qui est cause de tous ses maux. A travers le regard de Rose, Lou Lubie se penche sur un problème de société réel: la norme dans le monde capillaire. Elle décortique l'histoire, s'appuie sur des études et des faits pour dénoncer cette discrimination. En nous narrant le parcours d'acceptation de Rose, elle dénonce le long chemin qu'il reste à faire dans notre société. Le scénario m'a ouvert les yeux sur ce vrai problème. L'histoire de Rose a été comme une prise de conscience, une vraie gifle. Pour accompagner ce récit fort en émotions, Lou Lubie a opté pour une esthétiques aux traits sûrs et aux couleurs chatoyantes. Les moments qui se basent sur des faits historiques ont une autre teinte, ce qui permet de bien les distinguer. Le dessin est vraiment au service du propos et l'ensemble donne une BD émouvante mais aussi percutante. Lou Lubie nous livre un vrai message. Une BD à mettre entre toutes les mains.BDGest 2014 - Tous droits réservés