Résumé: Lorsque Carlos avait dix-neuf ans, sa mère, Elena, a décidé de quitter le Salvador pour prendre un nouveau départ aux États-Unis. Réticent à l’idée la suivre, mais peu disposé à la laisser partir seule, Carlos va l’accompagner dans son voyage vers le nord. Au cours de leur périple à travers le Mexique et les États-Unis, ils font l’expérience des risques et des craintes auxquels d’innombrables personnes originaires de pays d’Amérique centrale sont confrontées lors de leur migration. Dix ans plus tard, Carlos partage ses souvenirs avec son cousin, le dessinateur Ernesto Saade. C’est l’histoire de milliers de personnes, l’histoire d’un pays... Celle d’un espoir ordinaire
C
ela fait dix ans qu'Ernesto n'a pas vu son cousin Carlos, qui vit dorénavant aux États-Unis. Arrivé à l'aéroport de Los Angeles, de longues heures de route s'offrent à eux. C'est, dès lors, l'occasion de parler et pour Ernesto de percer l’abcès et connaitre les raisons qui ont poussé Carlos et sa mère, Elena, à quitter le Salvador. Au fur et à mesure des confidences, Ernesto prends des notes afin de pouvoir mettre en images le récit d'Un espoir ordinaire, partagé par des milliers de personnes à travers le monde.
Un espoir ordinaire est le premier album d'Ernesto Saade publié en France. Architecte de formation, l'auteur bifurque dans le neuvième art en 2016, en suivant un master en illustration et création de bande dessinée à la faculté Elisava de Barcelone. Deux ans plus tard, il commence à écrire ses récits, avec une constante : s'inspirer de faits réels. Après des travaux de commande pour différentes ONG, le dessinateur décide de se lancer en freelance. Dans cet album, Ernesto Saade puise dans son histoire familiale. Moins médiatisée de ce bord-ci de l'Atlantique, la migration des Salvadoriens n'a, hélas, rien à envier à celles évoquées par les médias européens. Après l'exposé des raisons personnelles qui ont présidé au départ, le scénariste présente, sans fard ni pathos, la manière dont Carlos et sa mère ont circulé cachés dans des véhicules divers, marché dans le désert, traversé le Guatemala, le Mexique et le Rio Grande à la nage, se sont cachés dans des maisons abandonnées, en proie aux cartels, aux voyous locaux, à la police, distribuant des bakchichs pour s'ouvrir la voie... Profitant de la visite dans sa famille nord-américaine, l'auteur mentionne aussi l'acclimatation à la vie locale, plus difficile pour sa tante, qui a dû faire une croix sur une partie de ses proches et de sa vie pour offrir un avenir à son fils. Le récit est poignant et dur tout au long de la lecture, mais le scénariste a construit la trame de son histoire en y incluant quelques respirations bienvenues (les repas et discussions entre cousins par exemple). Un témoignage complet non romancé et bien agencé, voici les deux premiers axes forts de l’album. Le troisième réside dans le fait de normaliser les personnages, sans chercher le manichéisme ou la romance. En effet, l'auteur ne fait jamais apparaître les hommes et femmes qui peuplent son récit comme des héros. Il n'hésite pas à montrer leurs contradictions, leurs limites, leurs failles, leurs peurs et leurs doutes.
Cet ensemble qualitatif est servi par un dessin dominé par un trait rond. Cela apporte une douceur qui, là aussi, apporte une respiration face à la dureté du contenu. De plus, le style peut ainsi plaire à un large public, en particulier les adolescents. La colorisation contribue tout autant à cet effet.
Avec Un espoir ordinaire, Ernesto Saade offre une histoire vraie et forte, en prouvant, là encore, que la bande dessinée est un art engagé.
Les avis
Erik67
Le 19/07/2025 à 09:30:58
Un fils de 19 ans Carlos suit sa mère Elena qui quitte le pays natal assez pauvre du Salvador pour se réfugier aux Etats-Unis où ils espèrent une vie meilleure. On précise tout de suite que c'est avant l'ère Trump qui a fermé les frontières pour arrêter cette immigration massive des pays du sud.
C'est un récit basé sur une histoire vraie qui raconte tout le parcours de cette migration qui ne se fera pas non sans quelques difficultés. On se positionne évidemment du côté de ces pauvres gens qui abandonnent un pays qui ne leur offre guère d'espoir pour un autre où ils placent leurs espoirs ordinaires. Je considère bien évidemment cette démarche comme tout à fait légitime même si cela peut ennuyer certains habitants du pays hôte où les électeurs de Donald Trump peuvent se reconnaître.
J'ai tout de suite apprécié ce graphisme tout en rondeur qui fait dans la douceur et qui donne une sensation agréable qui facilite d'ailleurs la lecture. C'est d'ailleurs la première BD de cette auteur originaire du Salvador, un pays pauvre d'Amérique centrale au climat tropical ruinée par une longue guerre civile et une insécurité endémique.
Au final, c'est une œuvre qui nous permet de nous mettre dans la peau d'un jeune individu, pas encore adulte, qui fuit son pays pour trouver une vie meilleure et qui rencontre des difficultés majeures pouvant entraîner la mort.
Moi, j'éprouve de la compassion et surtout un peu d'humanité vis à vis de tel individu, ce qui n'est pas franchement le cas de la majorité hostile à toute immigration. On appelle cela l'empathie. Oui, je déplore que cela soit devenue une qualité assez rare en ce monde.