Résumé: Violette Ténébris, la princesse du Royaume des Ténèbres, n'a toujours pas rencontré son animal-totem. Et sans animal-totem, pas de pouvoirs ! Il ne lui reste plus que trois jours avant son 16e anniversaire pour le trouver. Elle pourrait enfifin être reconnue et acceptée par son peuple, qui la trouve bien trop bizarre, colorée et excentrique pour accéder un jour au trône... Violette décide donc de briser les règles ancestrales de la magie et d'aller à la recherche de son animal-totem elle-même, quitte à braver tous les dangers.
A
u Royaume des Ténèbres, le palais est en ébullition. Dans trois jours, la princesse fêtera ses seize ans et sera officiellement investie comme héritière. D’ailleurs, si Violette pouvait profiter de ce laps de temps pour dénicher son animal-totem et déclencher ses pouvoirs, cela rassurerait ses parents. Puis, cela calmerait les commérages des domestiques qui jasent déjà suffisamment sur son attrait pour les couleurs. Décidée à faire ses preuves, la jeune fille décide de s’enfoncer dans la forêt ; elle y connaît quelqu’un qui pourra l’aider et multipliera les chances de mener à bien ses recherches. Cela ne doit pas être si compliqué de dénicher une bestiole magique qui se liera à elle.
Avec sa chevelure mauve et vêtements bariolées qui tranchent avec l’ambiance sépulcrale qui l’entoure, Violette Ténébris a un furieux air d’Enid Sinclair, la pétillante louve-garou amie de Mercredi Addams, dans la série télévisée réalisée par Tim Burton. Coïncidence ou clin d’œil ? Difficile à dire. Néanmoins, l’héroïne imaginée par Marie Manand et animée par Flavia de Vita semble prendre le contrepied des figures ultra-gothiques habituelles. Joie de vivre et nuances vives sont son credo, ces dernières faisant tache au milieu des noirs, gris et violets et bordeaux profonds du château. La protagoniste possède tout de l’adolescente classique : un zeste d’impertinence bien sûr, mais aussi l’agitation interne causée par des questionnements existentiels et sa différence visible. Ici, la demoiselle est travaillée par le prérequis qui lui fait cruellement défaut pour devenir une héritière digne de ce nom : la possession d’un animal-totem et des dons magiques. Les personnages et l’enjeu introduits, le récit prend d’abord la forme d’une quête agrémentée de diverses rencontres et péripéties venant étoffer l’univers. Puis, un rebond à la moitié de l’album relance efficacement le scénario et l’oriente vers un dénouement où l’apothéose consiste à s’accepter soi-même, tout en proposant une vraie conclusion pour cette première aventure. Ce choix explique sans doute que les événements s'enchaînent rapidement, sans approfondir certains aspects. En parallèle, le ton se pare d’un humour bon enfant qui rend la lecture plaisante et ne manque pas de faire sourire par moments, comme lorsque le fameux compagnon inséparable est identifié.
La partie graphique assurée par Flavia de Vita au dessin et Joël Odone aux couleurs, s’avère agréable. Le trait semi-caricatural se montre expressif et caractérise bien la galerie d’acteurs. Le découpage est efficace et la composition varie entre quelques pleines pages et des grandes cases à l’agencement dynamique. La plupart des décors, intérieurs comme extérieurs, sont joliment travaillés et contribuent à l’immersion dans l’univers créé. Le choix des teintes soutient adéquatement l’ensemble.
Publié dans la collection Chimères de Jungle, L'animal-totem ouvre avec pep Violette Ténébris, une nouvelle série jeunesse mêlant gothique et girly.