À la poursuite du trésor de Décalécatan

D eux auteurs de bandes dessinées sont en route pour le festival de Niort. Dans la panique, ils se trompent d’avion. Les voici en route pour Mexico, où ils sont confondus avec un duo de spécialistes des civilisations précolombiennes. S’enfonçant dans le quiproquo, ils se retrouvent au cœur d’une rivalité entre protecteurs du patrimoine et Palmatec, une entreprise dirigée par un industriel véreux.

Depuis plusieurs années, les alter ego de Fabcaro (scénario) et Fabrice Erre (dessin) animent la page éditoriale du journal Spirou où ils annoncent, dans une confusion totale, le contenu du numéro. Leur humour s’y expose à raison d’une demi-planche par semaine. Dans À la poursuite du trésor de Décalécathán par le biais d’aventures riches tant en suspense qu’en rebondissements dans un cadre exotique, la recette, multipliée par cent, continue de faire mouche.

La trame se révèle mince et parfois prévisible, mais là n’est pas la question. Avec le ton décalé qui constitue sa marque de commerce, l’auteur de Zaï Zaï Zaï Zaï pousse à l’absurde les clichés des films d’aventure, au premier rang ceux d’Indiana Jones, eux-mêmes parodiques. Les péripéties se succèdent à un rythme endiablé, dans les cases et même entre elles.

La plaisanterie n’étant jamais complètement gratuite, le scénariste aborde différents enjeux sociaux, à savoir la déforestation, la préservation du patrimoine et les relations nord-sud. Sans oublier des héros misogynes et suffisants, évidemment plus bêtes que véritablement méchants.

Le style très rond de l’artiste colle parfaitement au projet. Ses personnages se montrent toujours hyper-expressifs, tantôt honteux, tantôt au bord de la crise de nerfs, mais rarement apaisés. Le lecteur gagnera du reste à s’attarder aux détails du dessin où se cachent de petites pépites. Cela dit, les décors apparaissent sommaires et les fonds souvent monochromes, laissant par conséquent toute la place au jeu des acteurs.

Un album sans prétention, sinon que de faire rire ; à quand la suite ?

Moyenne des chroniqueurs
6.5