À tous les garçons que j'ai aimés

L ara Jean est une adolescente de 16 ans, vivant avec ses deux sœurs et leur père. Il lui arrive fréquemment de tomber amoureuse mais sans que cela soit réciproque ou que la relation perdure. La jeune fille s’est alors créée un rituel afin de tourner la page le plus rapidement possible. Elle rédige des lettres à ses amoureux en dévoilant ses sentiments, ses émotions voire ses regrets ou rancœurs. Alors que l’aînée de la sororie quitte le cocon familial, Lara se retrouve à endosser le rôle de plus âgée de la troupe. Sa tâche est ardue puisqu’elle doit également gérer les réactions de ses anciens amoureux, qui ont mystérieusement réceptionné les fameuses lettres…

En parcourant l’ouvrage le lecteur pourrait s’attendre à une exploration plus profonde sur la manière dont l'héroïne apprend à se construire et à s’affranchir des regards extérieurs. Malheureusement, celle-ci semble constamment préoccupée par l’avis de tierces personnes, et encore plus par celui des garçons. La notion de consentement n’est malheureusement que vaguement effleurée. Plus encore, le vocabulaire parfois choisi pour parler d’amour est celui de la guerre, renvoyant à une conception assez datée des relations sentimentales. Le thème de la famille, évoqué par endroits, aurait pu être davantage exploité, notamment pour montrer comment celle-ci peut aider dans la construction de l’identité des jeunes. Le scénario faiblit du fait de certaines longueurs, de dialogues qui manquent de naturel et d’une fin convenue. Enfin, À tous les garçons que j’ai aimés met en lumière les rivalités qui peuvent exister entre filles, dans l’espoir d’être l’heureuse élue du cœur de ces messieurs… Hélas, ce constat n’est pas suivi de conseils pour endiguer un des fléaux du patriarcat qu’est la compétition féminine. Pour résumer, le test de Bechdel est assez largement mis à mal*. Par ailleurs, les choix graphiques ne suffisent pas à sauver l’ensemble et le découpage tend à manquer cruellement d’originalité.

Si l’album s’avère refléter le roman (et le film) dont il est l’adaptation, il n’apporte globalement pas les ingrédients indispensables qui manquaient (déjà) à ces derniers.

* Le test de Bechdel, qui fait référence à une bande-dessinée de la dessinatrice Alison Bechdel, vise à mettre en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins ou la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction.

Moyenne des chroniqueurs
4.0