Deryn Du
U
ne baleine s'est échouée sur le rivage d'un petit village paisible, jusqu'à présent. Son flanc présente d'étranges morsures. Un requin ou… une sirène ? S'ensuivront d'autres évènements tous plus macabres et inexplicables les uns que les autres. La police piétine, n'a aucune piste. Un jeune touriste intéressé par ces crimes cherche des indices et croise une étrange fillette lors de ses pérégrinations. Celle-ci chantonne des poèmes lugubres : qui est-elle ? A-t-elle un lien avec ces atrocités ?
Guillaume Sorel dit avoir voulu rendre hommage à l'auteur Arthur Machen avec Deryn du (oiseau noir en gallois), l'origine du projet datant d'une vingtaine d'années. Pour cela, il a puisé ses sources dans la littérature et le cinéma britanniques néogothiques afin de répondre à cette question : est-il possible de créer la peur en BD ? Tout l'enjeu graphique était donc de transmettre au lecteur l'angoisse et le trouble. Sur ce plan, c'est réussi. Son style est éminemment reconnaissable depuis Algernon Woodcock : avec ses couleurs passées, son découpage qui se fracture aux moments opportuns et son sens de la mise en scène, l'artiste montre bien le décalage entre la tranquillité du port et les drames odieux qui frappent les habitants une fois la nuit tombée. Le malaise s'installe progressivement jusqu'à l'horreur finale. Pour ce qui est du scénario, il faut se laisser entrainer par cette histoire de vengeance venue du passé ; le rythme est lent, les pages contemplatives alternent avec les moments plus glauques.
Le nouveau roman graphique de l'auteur de Bluebells Wood et de Macbeth Roi d’Écosse est avant tout esthétique, car il déroute par son intrigue morbide et envoutante. Cependant, ne cherchez pas à tout comprendre et laissez-vous charmer par les très belles planches à l'ambiance gothique de cet auteur depuis longtemps reconnu.
6.0


